L’anticipation technologique au sein de la Terre nous permet la plupart du temps d’innover et de redécouvrir de nouvelles choses. Plusieurs personnes sont principalement symboliques de cette forme de nouveauté ; nous avons l’exemple notamment de Léonard de Vinci, célèbre peintre né en 1452 et mort en 1519, connu pour son esprit universel. Il a durant sa vie réalisé de très célèbres œuvres comme « La Joconde », « La Cène » et « Homme Vitruve ». Par la suite nous allons nous intéresser plus précisément à trois écrivains, Jules Verne, Aldous Huxley et également Georges Orwell, lesquels ont redécouvert, chacun, un nouveau monde propre à leur pensée personnelle.
1- Une vision pessimiste
L’anticipation technologique est souvent perçue négativement par les écrivains d’anticipation. Nous allons prendre le cas de Huxley qui fait de la technologie un danger pour l’espèce humaine ou encore, Orwell, qui fait de la technologie un moyen d’espionnage et de sécurité. Le cas de Jules Verne est différent : il fait de la technologie un moyen de profit et d’adoration.
Jules Gabriel Verne est né à Nantes en 1828 et est mort à Amiens en 1905. Il était passionné de voyages et ce thème sera très présent dans ses œuvres. Il fit ses études à Paris. Jules Verne est l’un des grands écrivain français du XIXème siècle grâce au roman « Voyages extraordinaires« . Ce recueil contient ses plus célèbres romans tel que « Vingt Mille lieues sous les mers » ou encore « Voyage au centre de la Terre ». Ses romans réunissent le fantastique, l’aventure et l’anticipation. L’œuvre étudiée est l’un de ses « romans de jeunesse »: « Paris au XX ème siècle » qui a été écrit vers 1860 mais publié un siècle après sa mort en 1994.
Jules Verne, dans son œuvre « Paris au XXème siècle« , annonce une évolution de la société et technologique. Verne contrairement à Orwell ou Huxley, ne parle pas de politique dans son roman : il ne fait allusion qu’une ou deux fois au régime politique. Dans ce livre, Jules Verne a un regard assez pessimiste de l’avenir : pour lui, le progrès ne peut avancer avec les langues (français, latin et grec) et la littérature : elle sont même complétement abandonnées au profit des mathématiques et de l’anglais. Ce pessimisme est également présent dans l’évolution de la société : dans son roman, la société n’a qu’un but : s’enrichir. Pour démontrer nos propos, nous pouvons prendre pour exemple le personnage principal du roman, Michel, qui est un lauréat d’un prix de poésie latine. Lors de la remise de son prix, les élèves présents se moquent de lui ; ce passage nous montre le mépris des langues antiques et de la littérature.
« La belle langue française est perdue » Jules Verne
2- Le progrès comme moyen d’aliénation
Les progrès technologiques se réfèrent très souvent à l’aliénation, du mot latin « alienus » qui signifie « étranger » ou « autre ». L’aliénation est un terme souvent utilisé en philosophie afin d’exprimer une perte de la maîtrise de soi et qui va s’étendre à toute la gente humaine. Certains écrivains ou autres artistes ont étudié l’aliénation dans leurs œuvres à la suite des événements historiques, économiques ou sociaux qui ont marqué l’histoire du monde entier. C’est le cas pour deux auteurs que nous avons particulièrement étudié, Aldous Leonard Huxley avec son livre « Le meilleur des mondes» et George Orwell avec « 1984 ». Dans ceux-ci la vision du monde est généralisée au sein d’une population entière, ce qui rend un monde péjoratif et une suppression de l’individualité de l’humain.
Aldous Leonard HUXLEY est né en 1894 au Royaume-Uni et mort en 1963 au Etats-Unis. Il s’agit d’un écrivain britannique qui est connu comme romancier et essayiste du grand public grâce à son roman « Le Meilleur des mondes » écrit en 1931 et publié en 1932. Dans la plupart de ses œuvres écrites, un premier thème se fait ressentir à chaque reprise, plus particulièrement une critique des usages, des normes sociales et des idéaux puis le progrès scientifique qui semble être négatif pour l’humanité, thème qui est sans doute dû à son enfance. A l’âge de 16 ans environ, il est devenu pratiquement aveugle et s’est battu contre ce handicap le reste de sa vie. Huxley s’intéresse notamment d’abord à la défense de l’humanisme puis il va s’intéresser petit à petit aux questions spirituelles et plus précisément à la parapsychologie et à la philosophie mystique tout en s’intéressant à la biologie et à la médecine. Vers la fin de ses jours, cet écrivain était considéré comme l’une des personnes les plus importantes de la pensée contemporaine ; le courant de pensée « New Age » est mis en référence à ses œuvres.
Affiche de la mise en scène de « La tempête » à Drury Lane (1757)
« Le meilleur des Mondes » traduit de l’œuvre orignale anglaise « Brave new world » a été écrit par Aldous Huxley, qui s’est inspiré de la tragicomédie de Shakespeare, La Tempête (acte 5, scène 1). Cette pièce de théâtre datant de 1600-1611, s’articule autour du pouvoir et de la liberté et aborde la noirceur de la nature humaine autant « primitive » que « civilisée ».
Huxley, en intitulant son œuvre « Le meilleur des Mondes », utilise une formule ironique avec l’emploi d’une figure de style qui est l’antiphrase. L’évocation d’une société future qui paraîtrait meilleure, n’est en réalité admirable qu’en apparence. Un «nouveau monde» qui est réellement atroce et terrifiant tel la pièce de théâtre de Shakespeare. « Le meilleur des mondes » doit donc s’entendre en contresens: il s’agit plutôt du pire des mondes.
Dans ce livre, Huxley prédit une dictature épouvantable et un monde de l’enfer. Bien qu’il ne s’agisse que d’un univers fictif, il serait sans doute, d’après l’auteur, une simple réalité de ce qui les attend par la suite. Tout en dénonçant le militarisme et les idéologies totalitaires, il évoque un monde qui, par une trop grande organisation contrôlée donnerait fin à l’individualité de l’homme.
Aldous Huxley, dans le livre » Le meilleur des Mondes » disait: « Qu’est-ce que j’éprouverais si je le pouvais, si j’étais libre, si je n’étais pas asservi par mon conditionnement ? »
Dans ce roman l’écrivain imagine un monde où il y aurait un certain nombre de dispositifs technologiques qui enlèveraient définitivement la liberté. Tout ceci serait provoqué par une simple force impersonnelle, la surpopulation. D’après les chiffres, il y aurait beaucoup trop de naissances pour le nombre de morts en peu de temps. C’est pour cela que par la suite il serait sans doute prévu, d’après l’auteur, un grand système d’aliénation qui notamment pourrait engendrer de nouveaux individus conçus dans de médiocres éprouvettes. Cette nouvelle technologie mènerait à un changement chez les êtres humains, par exemple les personnes n’auraient pas de ressenti. Ces personnes seraient contrôlées jusqu’à la fin de leurs jours par des dispositifs très spécifiques. Prenons cet exemple: des enfants qui seraient testés et manipulés lorsqu’ils sentiraient une innocente rose: un bruit épouvantable retentirait alors et les dégoûteront de cette odeur merveilleuse. Voici un exemple parmi tant d’autres. Ainsi ces personnes non seulement par des tests mais aussi par des catégories sont aliénées. Il y a différentes catégories:
- Ceux de la classe supérieurs:
- Les Alphas sont vêtus de gris, ils sont principalement les dirigeant, étant beaux, grands, intelligents.
- Les Bêta sont vêtus de rose, ils sont essentiellement des travailleurs intelligents
- Ceux de la classe inférieures :
- Les Gamma sont vêtus de vert, il constituent la classe moyenne voire populaire.
- Les Delta sont vêtus de kaki, ils appartiennent à la classe la plus basses, étant petits et laids.
- les Epsilon sont vêtus de noir, ils sont faits pour occuper les fonctions manuelles assez simples.
Enfin dans cet ouvrage particulier, différentes techniques donnant fin à une personnalité propre à chaque individu sont évoquées. Ainsi la présence d’une aliénation négative a lieu face au monde entier d’après Huxley.
Georges Orwell (1903-1950), de son vrai nom Eric Arthur Blair (il choisit le pseudonyme d’Orwell en référence à une rivière qu’il affectionne particulièrement) est un écrivain anglais, engagé, au tempérament d’aventurier du XXème siècle. En 1934, il travaille sur la condition des mineurs du Nord et se « convertit » au socialisme. Son œuvre porte la marque de ses engagements, et la plupart sont sources de son expérience.
« J’ai toujours eu beaucoup de culpabilité par rapport à ma position sociale, et j’ai essayé de me déclasser de moi-même pour me débarrasser de ma position sociale dans la société anglaise. »- Georges Orwell
Il est contre l’impérialisme britannique et contre les « totalitarismes » nazis, et soviétiques.
Témoin de son époque, Orwell est, dans les années 1930 et 1940, chroniqueur, critique littéraire et romancier. Ses deux œuvres les plus connues sont deux romans publiés après la Seconde Guerre mondiale : « La Ferme des animaux« et surtout « 1984« , roman dans lequel il créé le concept de Big Brother.
Résumé:
L’histoire se passe à Londres en 1984. Le monde est divisé en trois grandes ères géopolitiques en guerre : l’Eurasia, l’Océanie et l’Estasia, toutes trois totalitaires, dirigées par des partis communistes qui se voulaient au départ être des agents de libération du prolétariat. Le personnage principal, Winston Smith, travaille au Ministère de la Vérité où il révise l’histoire pour la rendre adéquate à la version du Parti. Smith est donc un personnage lucide sur les manipulations opérées par le Parti, mais il dissimule ses opinions. Smith décrit la société qui l’entoure : la délation généralisée, la négation du sexe et de toute sensualité, la police de la pensée et de la langue, et surtout la surveillance de Big Brother, un système de caméras qui réduit l’individu à néant et l’isole. Mais la rencontre avec une jeune femme, Julia, le pousse à enfreindre les règles du parti : ils font l’amour et rêvent à un soulèvement de la population. Trahis par un de leurs « amis » (O’ Brien), ils sont arrêtés, torturés et rééduqués. La victoire du Parti sur Smith est totale puisqu’il reniera Julia à la fin.
« 1984« est un roman de référence du roman d’anticipation et de la dystopie, le titre aurait du être 1948, mais l’éditeur a refusé et a donc inversé les deux derniers chiffres. C’est une œuvre de science-fiction ; ce livre s’impose aussi comme témoignage sur le XXème siècle car, au travers de la figure inquiétante de Big Brother devenu le symbole de l’oppression, le roman dénonce la tyrannie des grands systèmes politiques qui ont marqué l’Histoire contemporaine. Orwell traduit son inquiétude face à l’évolution du monde dans lequel il vit et face à la politique totalitaire.
La plus grande part du travail de novlangue (langue choisie par Orwell dans le roman, le principe de ce langage est très simple: plus on diminue le nombre de mots d’une langue, plus on diminue le nombre de concepts avec lesquels les gens peuvent réfléchir ; plus on réduit les finesses du langage, moins les gens sont capables de réfléchir). Dans 1984, ce langage consiste donc à supprimer des mots et donc des idées, de mauvaises idées, des idées nocives du point de vue du Parti.
Dans ce roman les individus sont constamment surveillés grâce à la présence d’écrans (télécrans) qui permettent au Parti d’avoir un contrôle quasi constant sur la population. Lors des rassemblements entres les membres du parti, il y a » les 2 minutes de haine » : cela consiste en un regroupement d’individus autour d’une séquence filmée visant à attiser la haine de la population contre les ennemis du parti ; les individus laissent éclater leur colère et leur haine provoquées par les images qui leur sont diffusées et intensifiées par le phénomène de groupe. C’est une sorte de « délire » et lorsque le phénomène atteint son paroxysme, au moment où le délire est le plus intense, le visage de « Big brother » apparaît, il se veut apaisant et rassurant, il semble être là pour restaurer la confiance des spectateurs. Ceci mène à l’aliénation car on comprend très rapidement que les individus sont emportés dans un courant maudit qui les contraint à penser ce que le Parti veut leur faire penser ; on peut dire que les individus sont manipulés par les dirigeants de ce Parti.
C’est dans ces circonstances que les êtres humains perdent de leur individualité ainsi que de leur conscience. Ils ne réfléchissent plus par eux-même et sont influencés par le Parti. Ici le progrès est un moyen d’aliénation car nous avons progressé et évolué dans la technologie mais la progression de la société a mené a l’aliénation et à la perte de personnalité.
Comme nous l’avons vu précédemment, l’anticipation technologique n’est pas aussi positive que cela puis paraître. Nous verrons dans la seconde partie l’anticipation au sein de la société.